Invité à occuper l’ensemble du Museo de Artes Decorativas dans le cadre de la Biennale de La Havane XIII, Théo Mercier envisage son exposition Ne me quitte pas à la manière d’un scénario où le musée serait le théâtre d’une archéologie restauratrice. Dans cette ancienne demeure coloniale devenue musée national après la fuite de la Comtesse Maria Luisa Gomez Mena pendant la révolution cubaine en 1959, l’artiste fait le choix de contaminer la collection du Musée constituée en grande partie d’objets d’art français du XVIIIe au XIXe siècle, au style parfaitement anachronique et parfaitement conservé, en réintroduisant les formes et savoir-faires cubains qu’il a pu découvrir au fil de ses résidences à La Havane. Par un geste qu’il qualifie d’ « éxotisme inversé », il créé une machine à démonter le temps, l’espace et le bon goût, dans laquelle la cubanéité réinvestit l’identité et l’histoire de ce bâtiment symbolique. A la manière d’un conservateur, il dresse un portrait en creux de la vie quotidienne à Cuba par le biais de productions artisanales qu’il a produites en collaboration avec différents artistes et artisans cubains rencontrés lors de ses voyages. Alors que la comtesse cubaine rêvait de la France, l’artiste français rêve à l’inverse de Cuba, et met en scène un exotisme inversé qui interroge l’artificialité de nos représentations et la notion de commerce équitable.