MIRRORSCAPE est un paysage dystopique créé par Théo Mercier pour le Mona (Museum of Old and New Art) en Tasmanie, à partir de 80 tonnes de sable provenant de l’île.
Ce paysage imaginaire découlent de l’étude de différentes forces obscures, tsunamis, tremblements de terre, ouragans, guerres ou bulldozers – ce sont les puissances de la destruction qui sont à l’œuvre. Pendant son séjour en Tasmanie, Théo Mercier a documenté un ensemble d’objets issus de l’espace public et domestique ainsi que différentes formations rocheuses et modèles d’érosion géologique pour composer cette scène dramatique, donnant le sentiment que cette situation spéculative pourrait être ancrée sur place.
S’en dégage un fort contraste entre la violence de la représentation et la douceur et la fragilité du matériau. Dans l’imaginaire collectif, le sable est lié à l’enfance et aux souvenirs d’été. Mais ici, l’enfant est devenu adulte et le sable est aujourd’hui un matériau en voie de disparition. Car pour construire nos villes, nos rues et nos maisons, c’est l’extraction du sable qui est au cœur de ce processus paradoxal de construction et de déconstruction, entraînant la disparition des montagnes, des rivières, des îles et des côtes à mesure que les viles s’étalent.
En tant que paysage créé par l’homme, MIRRORSCAPE reflète la façon dont l’humanité construit sa propre destruction et soulève ainsi la question des « catastrophes naturelles ». Les catastrophes naturelles sont-elles véritablement « naturelles » ? Alors que le calme et l’immobilité rencontrent le bruit et le chaos, une étrange réconciliation semble avoir lieu dans le silence. L’installation est tendue entre un temps prophétique et un temps archaïque – fossile du futur, souvenir d’un drame ancien ou prophétie de sable ? C’est aussi un sablier géant. Jour après jour, mois après mois, les formes s’érodent, les éléments se désagrègent, le paysage disparaît. Mais le sable, lui, restera et suivra son propre chemin.